La durabilité nous concerne toutes et tous − y compris les entreprises

Nous aspirons toutes et tous à plus de durabilité − et tout le monde doit y mettre du sien pour y parvenir: les sphères politique et scientifique, la population mais aussi les entreprises. Ces dernières ont une grande influence sur la réussite d’un développement durable. Prenons l’exemple d’une entreprise de production: elle ne fait pas que fixer la dimension écologique des biens qu’elle produit ou leur durabilité, elle décide aussi des conditions de travail de son personnel et des conditions de vie des personnes qui vivent autour de ses sites de production. Elle se charge également d’établir des règles et des processus censés garantir que l’entreprise agit de manière transparente, éthique et responsable.

Coup de projecteur sur les critères de durabilité

Autrement dit, les entreprises peuvent assumer davantage de responsabilités vis-à-vis de la durabilité, et ce à trois niveaux: l’environnement (Environmental), la société (Social) et la gestion d’entreprise (Governance). Aujourd’hui, les performances des entreprises doivent s’élever au-delà de l’aspect financier. Les clientes et les clients, mais aussi les investisseuses et les investisseurs, attendent plutôt d’elles qu’elles soient conscientes des répercussions écologiques et sociales de leur modèle commercial et qu’elles adaptent ces exigences à un développement durable. Les entreprises doivent accepter d’être de plus en plus mesurées à l’aune de leur capacité à répondre aux critères de durabilité.

Quel rôle les banques jouent-elles sur la voie d’une économie durable?

Un rôle de taille − en dépit du fait que les banques ne génèrent elles-mêmes que peu d’émissions directes. Elles n’ont en effet ni halles de production, ni parc de véhicules important. Les établissements financiers peuvent contribuer à ce que les flux financiers soient gérés de telle sorte que l’économie en général devienne plus durable − par exemple en proposant à leur clientèle des produits orientés vers la durabilité ou en investissant l’argent détenu sur les comptes bancaires dans des placements répondant aux critères ESG.

Thomas Jakob, responsable Sustainability, revient sur la vision de PostFinance en matière de durabilité et la manière dont elle entend assumer sa responsabilité.

La durabilité, un vaste sujet – mais que signifie-t-il pour PostFinance?

Pour nous, durabilité rime avec prise de responsabilités: nous assumons nos responsabilités en tant qu’organisation vis-à-vis de notre personnel et pour notre exploitation, en tant qu’investisseur pour nos placements pour compte propre avec lesquels nous participons au financement d’émissions, pour notre offre de marché mais aussi en tant que partenaire sur la place de marché suisse, dont nous souhaitons participer au développement. Dans notre catalogue d’objectifs, nous incluons les aspects écologiques, sociaux et de gestion d’entreprise − c’est-à-dire les trois dimensions ESG. Ce faisant, nous nous concentrons sur six thèmes prioritaires au moyen desquels nous souhaitons d’une part peser en tant que PostFinance, et qui d’autre part peuvent avoir une influence sur nos activités. Nous avons donc défini pour tous ces thèmes des objectifs aussi concrets qu’ambitieux, que nous avons ancrés dans la stratégie de PostFinance.

Dans quelle mesure ces objectifs sont ambitieux?

En matière de développement durable, nous avons pour ambition que notre clientèle nous perçoive comme une entreprise se situant au-dessus de la moyenne dans notre branche. Notre objectif sera atteint lorsque notre clientèle considérera que PostFinance est une banque qui lui convient. Cette perception positive chez notre clientèle doit concerner nos produits, notre personnel et la marque en elle-même. Pour ce qui est des produits, les placement sont un bon exemple: notre clientèle peut choisir entre des produits traditionnels et des produits orientés vers la durabilité. Cette liberté de choix est appréciable et nous souhaitons l’étendre également à des domaines tels que la prévoyance, l’épargne, l’hypothèque ou le trafic des paiements.

Les objectifs climatiques de PostFinance sont eux aussi ambitieux.

Je dirais même qu’ils sont progressifs. D’ici 2030, nous entendons rendre notre fonctionnement interne carbone-neutre; et à partir de 2040, le groupe Poste vise l’objectif Zéro émission nette dans toute sa chaîne de création de valeur.

De quels leviers PostFinance dispose-t-elle pour devenir plus durable sur le plan écologique?

Nos principaux leviers d’action écologiques sont nos placements pour compte propre. L’argent que nous investissons dans nos placements est responsable de plus de 95% de nos émissions de CO₂. 

Quels avantages les objectifs de durabilité de PostFinance ont-ils pour la clientèle?

D’une part, PostFinance assume sa responsabilité en tant qu’entreprise en Suisse et contribue ainsi à une Suisse plus durable, tant sur le plan écologique que social et entrepreneurial. Tout le monde est gagnant. D’autre part, nous souhaitons offrir à notre clientèle, lorsqu’elle choisit des produits, la possibilité de prendre des décisions éclairées en matière de durabilité. Notre clientèle doit pouvoir choisir. Nous souhaitons la soutenir, pas la contraindre. 

Que fait PostFinance pour atteindre les objectifs de durabilité qu’elle s’est fixés?

Nous mettons en œuvre les objectifs ancrés dans la stratégie par le biais de plans de mesures pour les prochaines années. Toute l’organisation doit apporter sa contribution. Devenir une banque durable n’est possible que si chaque unité et chaque membre du personnel prend part à ce projet.

Le personnel, la clé du succès: comment PostFinance l’intègre-t-elle dans ce projet?

Nous sensibilisons le personnel aux questions de durabilité et nous mettons en œuvre avec lui des processus pour davantage de durabilité. Un exemple: si nous souhaitons proposer davantage de produits incluant une dimension durable − comme le compte d’épargne −, nous devons réfléchir avec l’ensemble des équipes responsables à la manière dont nous pouvons élargir le produit en question sur le plan de la durabilité, ou si de nouveaux développements doivent être envisagés. Toutes les unités sont concernées, de Gestion de produits à Informatique et Marketing, en passant par Risk & Compliance. Mettre en œuvre des objectifs de développement durable est un effort collectif.

Quelles mesures contribuant aux objectifs de durabilité PostFinance a-t-elle mises en œuvre jusqu’à maintenant?

Outre les produits de placement, dont ceux orientés vers la durabilité précédemment mentionnés, il existe un vaste éventail de mesures permettant de contribuer à différents aspects durables. En indiquant par exemple dans quasiment toutes les offres d’emploi la fourchette des salaires, nous entendons encourager l’égalité de traitement . Avec MoneyFit, nous voulons contribuer à promouvoir la compétence financière des enfants et des jeunes, et endosser ainsi une responsabilité dans le développement des connaissances et la formation. Les formations de notre personnel en matière de lutte contre la corruption et de compliance contribuent au respect des directives relatives à la gouvernance.

Quels sont les plus grands défis en matière de durabilité?

Nous évoluons dans un secteur où les exigences réglementaires sont très nombreuses. Dès lors, introduire et mettre en œuvre des projets qui nous permettent d’avoir un impact sans tomber dans le piège du greenwashing n’est pas une mince affaire. Sans compter que la durabilité est un sujet sous haute tension, où répondre simultanément et parfaitement aux trois dimensions ESG relève de l’impossible. Supposons qu’une entreprise transfère ses transports de la route au rail. Une mesure profitable à l’environnement, mais qui se fait au détriment des conductrices et des conducteurs de camions qui n’ont plus de travail. Un intérêt écologique entre donc en concurrence avec un intérêt social. Les débats émotionnels sont inévitables en matière de durabilité. Chaque décision doit être pesée. Je m’efforce toujours de garder une vue d’ensemble et, partant de là, de prendre des décisions courageuses. 

Quel serait selon toi le meilleur conseil à donner aux entreprises qui veulent se lancer dans la durabilité?

Je pense qu’il est primordial que l’entreprise veuille véritablement s’engager dans cette voie. Une démarche complexe, coûteuse et non sans risque, mais qui offre de nombreuses opportunités qui ne se matérialiseront sans doute qu’à l’avenir. Il s’agit donc de considérer sérieusement ces différents éléments afin de décider de la voie à suivre. Il faut à tout prix éviter d’aller dans tous les sens, au risque de devoir systématiquement gérer un débat de fond toutes les semaines. À mon sens, il vaut mieux se lancer et avoir un impact dans un domaine précis plutôt que de chercher pendant des années la meilleure voie à emprunter pour sa propre entreprise. Il est plus facile de tenir la barre quand on est en route que quand on fait du surplace.